Construction-carbone

Une autre manière de réduire les émissions de CO2e du béton

Une autre manière de réduire les émissions de CO2e du béton

mai 5th, 2011 // 8:30 @

La réduction de l’impact environnemental du béton est un enjeu fondamental  pour le secteur de la construction. Le béton est « le matériau de base » pour la construction bâtiment et génie civil. Les volumes mis en œuvre chaque année sont colossaux : (40 million de m3 /an)

UNICEM 2009 france

Figure 1 : stats UNICEM 2009 (France)

http://www.unicem.fr/documentation/bibliotheque/les_statistiques_2008_de_lactivite__brochure_

De nombreuses pistes sont à l’étude pour réduire le facteur d’émission (de GES).  La principale source d’émission est  la fabrication du béton et plus précisément l’impact du ciment qui sert de liant. Aujourd’hui le ciment c’est environ  0.7 t CO2/ t, et pour la réalisation d’ 1m3 de béton, il faut entre 200 et 500kg de ciment (cela dépend grandement du type de ciment, d’additifs, de la formulation, de la classe de résistance…). L’ordre de grandeur pour un béton classique C25/30 est d’environ 220 à 250 kg éq. CO2/m3.

construction-carbone / émissions du béton

Pour donner un ordre d’idée de l’impact de ce matériau : Un bâtiment neuf,  de taille moyenne comme il s’en construit chaque année dans toutes les villes de France nécessite de l’ordre de 1500 à 5000m3 (centre commercial, collège, immeuble de logements collectifs, bâtiment hospitalier, parking…), au-delà de 5000m3 les projets sont plus conséquent et donc plus rares. Le béton, et uniquement le béton de ce type d’ouvrages représente (à la louche) entre 100 et 330 t éq.  C, soit entre 35 et 117 fois les émissions annuelles d’un français.

Les travaux actuels pour réduire les émissions du béton consistent à diminuer les émissions du constituant de base le ciment (clinker). Soit en le substituant par des liants moins émissifs (laitiers), soit en travaillant sur l’efficacité énergétique des process de production (efficacité des fours, combustibles alternatifs) : voir le post précédent.

Il existe peut être une autre piste : réduire les émissions du béton en réduisant les volumes mis en œuvre… ? ?…Vous me rétorquerez : « mon cher, les professionnels n’ont évidemment pas attendu cette analyse pour optimiser les structures et les volumes mis en œuvre ». Etant donné le coût du m3 mis en œuvre, l’objectif des BE structure, des chargés d’études  est, bien évidemment, de réduire les volumes (et donc le prix) par unité d’usage. (Un m3 de béton C25/30 c’est un peu moins de 100 €HT rendu chantier)

Et pourtant…du point de vue du CO2 :

Un béton « performant » assurant une résistance mécanique importante, a, du fait de la forte teneur en clinker, un facteur d’émission plus élevé qu’un béton « classique ».  La question posée par l’étude de N.Habert  (LCPC  ou dorénavant IFSTTAR) est la suivante : en ce qui concerne la réduction des émissions de gaz à effet de serre, est il plus avantageux  d’utiliser un béton fortement émissif mais en volume moindre, ou un béton peu émissif en quantité plus importante ?

L’étude de N. HABERT démontre que cette question à du sens. Suivant les cas étudiés,  le fait d’utiliser un béton plus performant permet de réduire globalement les émissions de GES de l’ouvrage (est-ce pertinent économiquement ?). Je vous reproduit la démonstration, ici  : réduire les émissions de GES d’une poutre béton. La démarche mériterait d’être approfondie, développée, affinée, testée et généralisée…afin que le critère « émissions de carbone » soit pris en compte dès la conception des ouvrages. C’est peut être une piste pour le secteur de la construction, mais il en faudra d’autres…


Category : Bilan carbone chantier &Materiaux btp

Les commentaires sont clos.