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CO2e, eq C …qu’es a quo?

CO2e, eq C …qu’es a quo?

janvier 14th, 2009 // 12:00 @

Les médias nous abreuvent de Bilan Carbone et de kg de CO2, « le Bilan Carbone du déplacement de Nicolas S à la conférence machin », « le Bilan Carbone de la voiture électrique Heuliez »,  » la neutralité  Carbone de ***  » …

Bref, c’est comme le développement durable, c’est devenu une expression « fourre tout ».

Le Bilan Carbone

L’Ademe définie les fondamentaux de la méthode Bilan Carbone :

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2 OBJECTIFS COMPLEMENTAIRES

ESTIMER LES EMISSIONS DE GAZ A EFFET DE SERRE
>lutter contre le changement climatique.
EVALUER L’IMPORTANCE DE LA DEPENDANCE AUX ENERGIES FOSSILES
>anticiper les impacts économiques et sociaux de la raréfaction des énergies fossiles.

C’EST UNE METHODE D’AIDE A LA DECISION ET A L’ACTION

Le but n’est pas de déterminer un responsable des émissions mais QUI est le plus à même de pouvoir agir pour les réduire

Tous les GES sont pris en compte :
Les 6 du protocole de Kyoto : CO2; CH4; N2O; HFC; PFC; SF6, CFC, H2O stratosphérique…

Les estimations sont données en ordre de grandeur : « Une vision floue sur un champ de vision très large »

Monocritère : IMPACT SUR EFFET DE SERRE

Emissions prises en compte :

  • Directes : sur site / par l’entité auditée
  • Indirectes : par d’autres (clients, fournisseurs)

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On compte quoi ?

Evidemment, on ne compte pas que le CO2, mais un ensemble de gaz à effets de serre (GES). Chaque gaz à un pouvoir de réchauffement global (PRG) différent. Le référent, l’étalon, étant le CO2, ayant pour valeur 1 à 100 ans.

Durée de séjour et PRG des principaux gaz à effet de serre (Source GIEC)

gaz à effet de serre formule PRG[] durée de séjour (ans)
dioxyde de carbone CO2 1 200 (variable)
Méthane CH4 30 12,2±3
protoxyde d’azote N2O 268 120
hydrofluorocarbures CnHmFp 440-12000 124 à 14800
perfluorocarbures CnF2n+2
5210-8630
7390 à 12200
clorofluorocarbures CnClmFp 5300-11000 4750 à 14400
hexafluorure de soufre SF6 16300 3 200

Par exemple, le méthane à un pouvoir de réchauffement 30 fois plus important que le CO2, émettre 1 kg de CH4 équivaut à émettre 30 kg de CO2. Chaque GES a également une résidence dans l’atmosphère différente, c’est à dire, le temps qui est nécessaire pour que le gaz en surplus disparaisse de l’atmosphère. (Pour le CO2 l’ordre de grandeur, tourne autour du siècle, pour le méthane c’est plutôt la décennie et pour l’hexafluorure de soufre on est autour de quelques milliers d’années).

Il est évident, encore une foi, que tous ces chiffres donnent des ordres de grandeur.

On sait donc se que l’on compte, maintenant, où commence t-on et où s’arrête t-on ?

Les émissions prises en compte, dépendent évidemment des bornes que l’on se fixe :

 » Quantifier c’est d’abord Convenir, puis Mesurer »


Lorsque l’on réalise le Bilan Carbone d’une structure, on prend (dans la mesure du possible, et du faisable) toutes les émissions de GES dont l’entreprise dépend pour son activité. Lorsque les infos, nous « parlent » de Bilan Carbone d’une boite de petits poids, il serait souvent plus juste de parler d’ACV (ou de contenu carbone), d’une manière générale, les résultats d’un Bilan Carbone, ne peuvent être interprété sans avoir connaissance des hypothèses de l’étude (c’est vrai également pour beaucoup de choses). Il faut donc se méfier des résultats donnés sans plus de précisions, ils peuvent être sujet à caution, on peut leur faire dire ce que l’on veut ou presque.

et, on obtient…

Les résultats donnent de jolis histogrammes, représentant les postes suivants :

Energie 1 et 2 représentent les émissions énergétiques (combustibles fossiles), hors énergie donne les émissions liées au dépenses énergétiques, par exemple,

– la putréfaction et la fermentation (fumier, digestion des ruminants…) engendrent des émissions de méthane ;

– l’épandage d’engrais azotés des émissions de protoxyde d’azote,

– l’utilisation de chaînes du froid engendre des fuites de fluides réfrigérants, qui sont souvent de très puissants gaz à effet de serre,

– la production de ciment comporte une étape de « décarbonatation » du calcaire (qui est composé de carbonate de calcium), avec émissions de CO2 à la clé.

Les émissions de tous les matériaux qui « entrent physiquement » dans l’entité étudié correspondent aux intrants, les futurs emballages sont traités à part pour une question de visibilité, ils représentent des déchets dont on ne connait pas la fin de vie et dont il est souvent intéressant de connaitre le « poids ». Le fret est lié aux transports dont dépend l’entité, les déplacements représentent les trajets domicile-travail, les déplacements liés au travail, les clients et les visiteurs. Le reste « déchets directs, immobilisations, utilisation et fin de vie »…no coment.

On a donc ici, 11 735 tonnes équivalent carbone (t eq C), et qu’es a quo ?

Les résultats sont exprimés en t eq C ou t eq CO2, 1 tonne de CO2 équivaut à 12/44 tonne de carbone (poids massique), on voit parfois des tonnes de C (ou CO2) équivalent : teC, t CO2e ou t CO2eq, dans la norme ISO 14064 on trouve des t CO2e. A mon sens, il est préférable de donner des t eq C plutôt que des t eq CO2, la référence au CO2 peut laisser penser que l’on ne tient compte que de ce gaz.

Quelle valeur donner aux résultats ?

Malgré toute la rigueur de la phase d’audit et de calcul, les résultats comprennent des barres d’erreurs conséquentes, dues pour une part à la précision des données recueillies et d’autre part à l’incertitude sur les données des facteurs d’émissions. On a facilement 10 ou 20% d’erreur, mais encore une foi, le but n’est pas d’exprimer des données pour elles mêmes, mais de donner des pistes de réflexion, au quel cas le résultat en ordre de grandeur suffit.

De même, la méthode Bilan carbone permet d’exprimer des modélisations économiques, qui ne sont pas des prévisions, mais qui permettent de réaliser une « analyse de risques », comment peut se matérialiser la contrainte si…, quel impact sur l’entité étudié si…le but est finalement d’avoir une vision de la dépendance, et de donner des pistes de réduction.

La méthode Bilan carbone exprime des résultats en quantités de gaz à effet de serre, mais plus qu’une vision « écologique » ou une vision « de réchauffement de la planète », il permet de donner un analyse de risque  économique et stratégique pour une entreprise (ou collectivité).

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Category : Bilan carbone

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